Arles...
Combien de fois l’aubier du stoïque platane
A subi les assauts déchainés du Mistral
Au fouet lancinant de ses longues rafales
Qui attendent la mort au coucher des enganes
Combien de fois tes voûtes, tes pierres de Rome
Ont crié la clameur de ce peuple, séduit
Par le sang et l’acier qui renvoie dans la nuit
L’intrépide bovin s’abandonnant à l’homme
Combien de ponts de bois, combien de tournesols
Sont morts de n’avoir pas connu ce roux Flamand
Lui qui t’aima si fort et si passionnément
Qu’il devint ton enfant avant d’être une idole
Combien de fois l’eau pure et fraîche de l’aiguière
A dilué l’absinthe en de grands flots bruyants
Tandis que s’esclaffaient des marmailles d’enfants
A l’époque où fleurit la douce primevère
Combien de fois sont nés, autour du feu d’un soir
Des petits Gitans Rois à la voix éraillée
Rêvant de marier leurs fines mains cuivrées
Aux hanches mordorées des plus fières guitares
Combien de fois l’aigu sifflet du galoubet
Descendant fièrement le boulevard des Lices
A célébré le riz et chanté ses prémices
Au clair de la dernière effluve de l’été